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La malfouffe rend-elle dépendant ?

ou comment manger vrai et vivant peut aider à sortir du cycle infernal de certaines dépendances

Dans son autobiographie familiale, Victoria Boutenko raconte comment, débarquant de sa Russie natale aux Etats-Unis il y a quinzaine d’années, elle fut éblouie par les supermarchés américains et leur rayons regorgeant de nourritures industrielles. Décidée à goûter à toutes ces merveilles, elle grossit de 45 kg en deux ans et tomba gravement malade cinq ans plus tard. Guérie et amincie grâce à l’alimentation vivante, elle prit du recul sur son parcours et se rappela alors que tous les aliments industriels dont elle avait largement abusé étaient loin d’être aussi délicieux qu’elle l’avait imaginé en Russie. Les fameux beignets « Dunkin Donuts », symbole américain par excellence à ses yeux, lui parurent particulièrement mauvais lorsqu’elle y goûta pour la première fois. Mais il lui suffit de renouveller l’expérience trois fois pour qu’elle en devienne complètement dépendante au point même de se demander comment elle avait pu ne pas les aimer.

L’exemple du journaliste Morgan Spurlock, auteur et acteur du film « Supersize Me », nous offre le même type de démonstration. Les repas « Mc Do », autre symbole de la malbouffe et qui lui paraissent écoeurants jusqu’à en vomir au début du documentaire, deviennent au fil des quatre semaines que dure l’expérience, des instants qu’il attend avec impatience. Alors qu’il sait que cette nourriture est nocive pour sa santé, qu’elle le fait grossir, qu’elle le rend apathique, déprimé et sans libido, il finit par ne se sentir bien que lorsqu’il la consomme : le comportement typique de la dépendance !

Alors, la malbouffe rend elle dépendant ? Dépendant de la malbouffe, mais aussi dépendant en général ? Quand, malgré toutes vos bonnes intentions, vous ne pouvez résister à une barre chocolatée, à des biscuits ou à tout autre aliment industriel, de préférence non bio pour que votre plaisir soit total, êtes vous gourmand, sans volonté ou êtes vous simplement dépendant ?
Une nourriture facile

Quel est le point commun des aliments que l’on a coutume de rassembler sous le terme de malbouffe ? Il s’agit toujours d’aliments transformés industriellement, non bio, ayant subi moultes opérations : raffinage, cuisson et/ou extraction agressives, ajout de nombreux additifs alimentaires, traitements longue conservation… Au bout de la chaîne, des aliments morts et dénaturés, ne nécessitant quasiment aucune préparation : vite achetés, vite préparés, vite mangés ! Une nourriture « facile » qui rend le corps paresseux, le vide de son énergie et peut entraîner de véritables dépendances.

Sucres et autres excitants : des leurres énergétiques qui affaiblissent progressivement le corps

La plupart des aliments industriels comportent en général une forte proportion de glucides à haut index glycémique, que ce soit sous forme de sucres ou de céréales raffinées. Ces glucides ont pour particularité de passer très rapidement dans le sang, sans réel effort digestif pour le corps, apportant une sensation de bien être, hélas de courte durée. Seul moyen de retrouver cette sensation : manger à nouveau des aliments sucrés ! Notons au passage que d’autres comportements addictifs, comme fumer une cigarette, boire un café ou prendre un verre d’alcool, produiront le même effet, mais la dépendance au sucre est certainement l’une des plus répandues actuellement. Or un taux de sucre stable est essentiel au bon fonctionnement du cerveau et du système nerveux ; les hausses et les baisses brutales de la glycémie sanguine induites par une alimentation riche en sucres dits rapides, entraînent presque toujours un état de dépendance alimentaire. Ne croyez pas que vous n’êtes pas concerné si vous ne mangez jamais de produits sucrés : savez vous par exemple que la pomme de terre devient un sucre extrêmement rapide lorsqu’elle est transformée en flocons pour purée instantanée ?

Grâce aux aliments provocant une forte hausse de glycémie sanguine, le corps reçoit de l’énergie sans aucun effort. Loin de lui permettre d’économiser ses forces, cela l’affaiblit progressivement. En effet, plus la nourriture ingérée est vivante, c’est-à-dire bio, végétale et crue ou cuite à basse température pour préserver intacts ses nutriments vitaux, plus le corps doit fournir un effort pour se l’approprier et la transformer en éléments utilisables pour son propre métabolisme. Dans ce processus, il se renforce et gagne en énergie. Si vous ne présentez au corps qu’une nourriture morte, celui-ci l’absorbe passivement, devient paresseux et dépendant de cet apport en fausse énergie auquel il manque le plus important : la Vie !

La malbouffe sature le corps en protéines et graisses dénaturées, le privant d’oxygène et abaissant ainsi considérablement son niveau d’énergie. Mais les sucres sous diverses formes ne sont pas les seuls leurres énergétiques apportés par l’alimentation industrielle. Elle fournit également de nombreux autres excitants nous coupant de notre véritable énergie et nous rendant dépendants d’eux pour nous sentir en forme… jusqu’au jour où le système épuisé ne répond même plus à ces sollicitations extérieures et tombe malade. Ces excitants se retrouvent sous forme de caféine parfois mais surtout d’additifs alimentaires en tout genre. Or de nombreuses études ont montré l’influence de ces substances, encore appelées excitotoxines, sur la santé, notamment sur les sytèmes endocriniens et nerveux. Le MSG par exemple (glutamate de monosodium), ainsi que tous les exhausteurs de goût contenant du glutamate et présents dans quasiment tous les aliments industriels sous diverses appellations trompeuses (protéine végétale hydrolisée, caseinate de sodium ou de calcium, protéines texturées...), conduirait à augmenter ses prises alimentaires et entraînerait une dépendance. Rappelons que le MSG est utilisé par les scientifiques pour rendre les rats de laboratoire obèses et que les industriels qui le fabriquent le présentent comme un additif bienfaiteur car poussant les personnes âgées à manger davantage, leur évitant ainsi de nombreuses carences dues à leur faible appêtit ! Quid alors du comportement alimentaire de toutes les autres catégories de population, dont l’appêtit n’a nul besoin d’être stimulé et consommant cette nourriture au MSG ? Il est assez facile à deviner !

Une nourriture pré-mâchée et des cellules affamées

La plupart des aliments industriels offrent une nourriture pré-mâchée, l’exemple le plus typique étant bien sûr les hamburgers avec leur petit pain bien blanc et bien mou, leur steak hâché et leur fromage fondu ! On vient même d’inventer le pain de mie sans croûte, encore plus facile à avaler tout rond. Car la malbouffe ne nécessite en général aucun effort de mastication et s’avale très rapidement, poussant à en consommer deux fois plus. Mais tout aliment non mastiqué ne nourrit qu’imparfaitement : d’une part, les glucides ainsi privés de l’indispensable imprégnation par l’enzyme salivaire, ne peuvent être complètement assimilés et remplir leur fonction nourricière ; d’autre part, l’absorbtion des principes les plus subtils des aliments se fait au niveau de la bouche pendant le processus de mastication. Sans mastication, nous restons en partie affamés.

La sensation de faim permanente, ressentie par beaucoup de consommateurs de malbouffe et qui s’apparente à la dépendance, s’explique ainsi à plusieurs niveaux, physique mais aussi éthérique. La nourriture industrielle n’apporte à l’organisme aucun des nutriments nécessaires à son bon fonctionnement. Sa seule vertu est d’apporter des calories, donc une certaine forme d’énergie sans laquelle l’organisme ne peut fonctionner. Mais elle ne permet pas au corps de se nettoyer et de se régénérer dans de bonnes conditions. Privées des catalyseurs indispensables à leur bon fonctionnement (enzymes, vitamines, oligo-éléments...), encombrées de mucus et de déchets (excès de protéines, de sucres raffinés, de lipides dénaturés), baignant dans un milieu acidifié, les cellules crient famine et réclament à manger… pour de vrai ! Si on cherche à satisfaire cette sensation de faim avec le même type d’alimentation industrielle que celle qui l’a provoquée, alors le corps demeure insatisfait, continue à réclamer et le cercle vicieux de la dépendance à la malbouffe s’installe. Cette faim doit être comprise de manière plus subtile : il s’agit d’une faim pour le vivant, pour des aliments riches en enzymes et en chlorophylle et donc chargés d’énergie solaire. On y répondra en consommant des graines germées, des jus de jeunes pousses, des fruits et légumes frais, des algues… très soigneusement mâchés pour en retirer tous les bénéfices.

La porte ouverte à d’autres perturbations du comportement

La malbouffe favorise également la dépendance en rendant inconscient. Absorber force quantité de sucres et farines raffinées, « endort » et permet de repousser à plus tard le moment de faire face à ses émotions et ses angoisses. Depuis des millénaires, les médecines traditionnelles ont souligné l’impact de la nourriture sur la qualité des émotions, des pensées et de la conscience. Selon Gabriel Cousens, la nourriture industrielle, particulièrement carencée en vitamine du groupe B et riche en produits toxiques, peut perturber le fonctionnement du système nerveux et du cerveau et serait associée à l’hyperactivité, au retard mental et à certaines formes de dégénérescence nerveuse. Aux Etats-Unis, patrie de la malbouffe moderne, certaines études ont établi un lien entre une alimentation dénaturée et des comportements dits « anti sociaux » chez les adolescents. Le célèbre exemple du lycée d’Appleton dans le Wisconsin a montré que le seul changement vers une nourriture plus végétale et fraîche, permettait une baisse spectaculaire de ces comportements.

Toujours selon Gabriel Cousens, il existe une connexion entre toutes les dépendances et la dégénérescence physique et mentale consécutive à une mauvaise nutrition, même si cette connexion n’est pas encore bien comprise actuellement. Des fonctions mentales altérées peuvent certes avoir plusieurs origines mais parmi les facteurs environnementaux, Gabriel Cousens souligne l’importance de la malbouffe et de la malnutrition qui en découle (y compris avant la grossesse) ainsi que l’exposition à des produits toxiques (métaux lourds, pesticides, herbicides, insecticides…), qui conduiraient à des défaillances dans la production des neurotransmetteurs. Les comportements de dépendance viendraient alors remplacer le sentiment de bien-être normalement apporté par les endorphines naturelles mais devenues déficientes.
Comment s’en sortir : la nécessaire détoxication

Le corps physique est plein de sagesse et s’il tombe malade c’est généralement sous l’influence de nos émotions et de nos pensées malades. Mais aujourd’hui, il peut aussi tomber malade parce qu’il évolue dans un environnement qui n’a plus rien à voir avec la Nature dont il est issu : comment gérer les pesticides et les herbicides, les additifs, les OGM et autres « Frankenfoods » ?

Modifier son hygiène de vie, notamment alimentaire en adoptant des aliments bio, naturels et non transformés, renforce considérablement la capacité à sortir des comportements de dépendance, dépendance à la malbouffe ou autre. Selon Viktoras Kulvinskas, la vraie solution à la dépendance passe toujours par un régime riche en aliments vivants qui permet au corps de se désacidifier et de se recharger en nutriments vitaux. Ann Wigmore, pionnière dans ce domaine, considérait que toutes les maladies, y compris les dépendances, avaient pour origine un corps intoxiqué et désespéremment dénutri. Elle a pu personnellement observer dans ses centres de remise en forme, que si l’on donnait au corps une nourriture saine et vivante, dont on facilite l’assimilation par des processus tels que la germination ou la lacto-fermentation, les pulsions pour différentes sortes de dépendance cessaient presque toujours en quelques semaines, sans faire intervenir la volonté. Est-ce à dire qu’une alimentation adaptée peut remplacer le travail sur les causes profondes des dépendances ? Non bien sûr. Lorsque les cellules et les « humeurs » chères aux naturopathes sont nettoyées et nourries en profondeur, les dépendances ne disparaissent pas mais manger vrai et vivant aide le corps et l’esprit à se reconnecter à leur vraie nature, réveille et accroît l’énergie vitale et ouvre la porte au véritable travail de guérison, intérieur cette fois.
Manger vivant

Vous trouverez une abondance d’enzymes, chlorophylle, vitamines, minéraux, oligo-éléments dans :
- les graines germées et les jeunes pousses
- les jus d’herbe de blé ou d’orge
- les fruits et légumes frais, crus ou cuits à basse température (<40°)
- les oléagineux, trempés et rincés avant consommation
- les céréales et les léguminueses trempées et/ou germées avant consommation
- les algues de mer
- les algues d’eau douce (Klamath, spiruline, chlorella)
- les légumes lacto-fermentés frais et crus

Pour faciliter l’assimilation des nutriments, consommer en priorité ces aliments sous forme de :
- jus fraîchement extraits
- soupes crues
- smoothies

© Claudine Richard

Article paru dans Biocontact – Mars 2007

Bibliographie :

- 12 étapes vers une alimentation crue, Victoria Boutenko (Ed Jalinis)
- Alimentation vivante pour une santé optimale, Brian Clement et Theresa Foy DiGeronimo (Ed Trustar)
- Le yoga de la nutrition, Omraam Mikhaël Aïvanhov (Ed Prosveta)
- Alimentation et Santé, Rudolph Steiner (Ed Anthroposophiques Romandes)
- Raw Family - A true story of awakening, the Boutenko Family
- Survival in the 21st Century, Viktoras Kulvinskas
- Conscious Eating, Dr Gabriel Cousens
- Excitotoxins – The taste that kills, Dr Russell Blaylock